Les étapes d'une construction hors du commun

Une construction monumentale réalisée en seulement 3 ans... le fruit d'une parfaite coordination des équipes et des techniques !
Le Viaduc de Millau, long de 2 460 mètres, est le maillon indispensable à l’autoroute reliant Clermont-Ferrand à Béziers, qui désenclave toute une région.

L’ouvrage conçu par l'ingénieur Michel Virlogeux et dessiné par l'architecte Lord Norman Foster est réalisé par le groupe Eiffage, spécialiste du génie civil et de la construction métallique.

La plupart des techniques de pointe utilisées dans les travaux publics ont été mises en œuvre pour la construction du viaduc. Laser, GPS, translateurs, coffrages auto-grimpants, enrobé spécifique, béton haute performance et matériaux innovants ont rendu possible la réalisation de cet ouvrage en seulement trois ans, de décembre 2001 à décembre 2004.

Une construction minutieuse, étape par étape

Les fondations - creuser avant de s’élever


Chaque pile du Viaduc de Millau repose sur une semelle de 3 à 6 mètres d’épaisseur, elle-même coulée sur 4 puits de fondation de 9 à 18 mètres de profondeur. Les fondations assurent l’ancrage au sol de l’ouvrage.
À la fin du chantier, les fondations ont été recouvertes de terre pour des raisons esthétiques. En effet, l’architecte a souhaité donner l’impression que les piles sortent de terre naturellement.

Chiffres clés

  • 30 heures
    Durée moyenne pour le bétonnage des semelles
  • 300 kg
    Dosage en ciment du béton ayant servi à réaliser les fondations

L’élévation des piles - à l’assaut des nuages


Le Viaduc de Millau possède 7 piles dont la hauteur varie de 77 à 245 mètres. Composées d’un fût unique en partie basse, les piles se dédoublent 90 mètres sous le tablier pour favoriser la souplesse de l’ouvrage.
Chaque pile est considérée comme un chantier indépendant. Au quotidien, 12 personnes se relaient pour deux postes de 7 heures de travail.
Dès mars 2002, les piles sortent de terre et poussent de 4 mètres tous les 3 jours. Le 9 décembre 2003, avec quelques semaines d’avance sur le planning, les piles sont achevées… avec, en prime, le record du monde de la plus haute pile pour « P2 ».

Chiffres clés

  • 420 kg de dosage
    en ciment du béton ayant servi à réaliser les fondations
  • 322 m3
    de béton mis en œuvre dans une levée

Le lançage du tablier - pas à pas, avancer dans le vide


Deux chantiers à ciel ouvert sont aménagés à l’arrière des culées, au nord et au sud du viaduc. Toutes les soudures et travaux d’assemblage y sont effectués, limitant le risque lié au travail à grande hauteur.
La mise en place du tablier sur les piles fait appel à une technique de lançage particulière. Tronçon après tronçon, le tablier est lancé dans le vide grâce à 64 translateurs. Installés sur les piles et les palées provisoires (gigantesques béquilles d’acier servant d’appuis intermédiaires entre deux piles), ces machines ont déplacé les 36 000 tonnes du tablier.

Au rythme d’une opération toutes les quatre semaines, il faut dix-huit lançages pour amener les deux parties du tablier à l’aplomb du Tarn. Réalisé à la vitesse moyenne de 9 mètres par heure, chaque lançage demande jusqu’à 48 heures de travail non-stop.
La rencontre des tabliers sud et nord a lieu le 28 mai 2004 à 14h12, à 270 mètres au-dessus du Tarn. L’aboutissement de 15 mois de travail est un moment d’intense d’émotion. Une jonction d'une précision remarquable !

Chiffres clés

  • 60 cm
    de distance parcourue par le tablier à chaque cycle du translateur
  • 85 km/h
    vitesse de vent maximale autorisée pendant les phases de lançage

Les pylônes - hisser 7 mâts d’acier


Dès le début des opérations de lançage, un pylône partiellement haubané est positionné à l’extrémité de chaque partie de tablier pour éviter à celui-ci de ployer lors de son lançage entre une pile et l’autre. Les cinq autres pylônes sont mis en place après le clavage.
Transportés par convois multi-essieux, ils sont amenés à l’aplomb de leur pile respective. Pris en tenaille par d’immenses bras d’acier, ils sont redressés puis soudés au tablier. Cette opération est réalisée en seulement 3 mois.

Chiffres clés

  • 700 t
    poids d'un pylône
  • 5 à 6 h
    temps nécessaire au relevage d'un pylône

Une construction d’exception jusqu’aux finitions


La pose du revêtement sur le Viaduc de Millau a été réalisée du 21 au 24 septembre 2004. Lisse et sans une ride, il recouvre l’acier sur une épaisseur de 6,7 cm. Au total, 10 000 tonnes de béton bitumineux ont été nécessaires pour réaliser la couche de roulement.

Le haubanage


Les haubans sont installés selon une technique bien rodée. Après avoir passé un premier toron dans la gaine de protection extérieure, celle-ci est hissée sur le pylône jusqu’à son emplacement définitif. Le toron est alors fixé dans ses ancrages supérieurs et inférieurs. Une « navette » permet ensuite d’amener un à un tous les autres torons, qui sont ensuite mis sous tension pour soutenir le tablier.

Chiffres clés

  • 11 paires
    de haubans par pylône, disposés en nappe axiale
  • 900 à 1200 t
    de tensions des haubans

Un ouvrage ausculté sous toutes les coutures


Piles, tablier, pylônes et haubans sont équipés d’une multitude de capteurs. Ceux-ci sont conçus pour déceler le moindre mouvement du viaduc et mesurer sa résistance à l’usure. Anémomètres, accéléromètres, inclinomètres, capteurs de température… font partie de la panoplie des instruments de mesure utilisés.
Les informations recueillies sont transmises par réseau à un ordinateur situé dans le bâtiment d’exploitation contigu à la barrière de péage.

Chiffres clés

  • 511 m
    entre deux bornes d'appel d'urgence (contre 2 km sur une autoroute normale)
  • 2
    stations météorologiques qui analysent les conditions atmosphériques sur le viaduc et à la barrière de péage

La barrière de péage : une feuille de béton vrillée flottant au-dessus des voies


Constituée de 53 éléments (les voussoirs), l’auvent est long de 98 mètres et large de 28 mètres. L'ouvrage, qui repose sur 48 poteaux métalliques, n'est pas sans rappeler les voiles de parapente qui survolent la région. Avec cette barrière de péage, Eiffage a souhaité créer un symbole fort pour l'automobiliste avec une forme originale, mettant en évidence les caractéristiques d'un béton fibré à ultra-hautes performances.

Coulés à proximité de la culée nord du viaduc à l'aide d'un seul moule, les 53 voussoirs ont été acheminés sur site au moyen d'une remorque automotrice puis pris en charge par une grue à chenille jusqu'à leur emplacement définitif.

Chiffres clés

  • 6 mois
    de fabrication des voussoirs (d'octobre 2003 à février 2004)
  • 2500 t
    poids du auvent